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Témoignage de Marie-Violaine

"de la fuite devant l’horreur au désir de l’affronter"
 Leur détresse tant psychique que matérielle m’a beaucoup marquée

L’été dernier, je suis partie au Rwanda terminer un film que je réalisais sur un jeune rescapé du génocide des Tutsi d’avril à juin 1994.

C’était la première fois que ce jeune étudiant en droit à Paris revenait sur les lieux de son histoire depuis son départ pour la France en décembre 2000.

C’était la première fois aussi que j’allais au Rwanda. Le tournage de ce film commencé en France et achevé au Rwanda épousait sa démarche : de sa fuite devant l’horreur à son désir de l’affronter en retournant dans son pays.

Là-bas, il a retrouvé sa mère, sa sœur et ses amis rescapés qui, n’ayant plus aucune famille, peinent à subsister. Leur détresse tant psychique que matérielle m’a beaucoup marquée. Outre l’insécurité des quartiers dans lesquels ils sont obligés de vivre en compagnie de ceux qui ont exterminé les leurs et où ils sont continuellement victimes d’insultes, de racket et parfois d’agressions, ils vivent dans un profond dénuement.

Je pense en particulier à la mère de ce jeune rescapé, qui vit comme au lendemain du génocide. Lui trouver un autre logement, dans un quartier sûr, pourrait l’aider à sortir de la peur dans laquelle elle vit en permanence. Je pense aussi à ce jeune étudiant Placide, un de ses amis, qui à vingt-cinq ans se retrouve seul avec son petit frère et ses petites sœurs.

Ces dernières ne peuvent continuer leurs études. Leur maison tombe en ruine. Ils ne mangent pas tous les jours à leur faim. Difficile de rester insensible à cette misère, surtout quand on sait que notre pays s’est rendu complice de ce génocide en soutenant financièrement, diplomatiquement et militairement les exécutants et planificateurs de ce génocide avant, pendant et après le génocide.

En tant que membre d’une petite association « Appui-Rwanda » créée à l’initiative d’ une de mes amies cinéastes et qui vient en aide aux rescapés, j’ai pu rencontrer ceux qui bénéficiaient de son appui financier ; j’ai réalisé qu’ils se sentaient moins seuls et désespérés que ceux qui étaient totalement isolés et livrés à eux-mêmes.

Cette aide matérielle leur apporte un soutien psychologique indéniable.

Si parmi vous, certains désiraient devenir donateurs, cela permettrait à de nombreux enfants et adolescents de continuer leurs études et de vivre enfin dans des conditions décentes. Au Rwanda, c’est la famille qui tient le rôle de sécurité sociale et quand elle est décimée, personne ne vient plus en aide à ceux qui restent.

En attendant de pouvoir vous montrer le film, je vous remercie pour vos parrainages ou vos dons.

Marie-Violaine


Marie-Violaine Brincard a terminé son second film sur le Rwanda, "Au nom du père, de tous, du ciel"
qui a obtenu de nombreuses récompenses. Elle y revient sur le génocide des Tutsi de 1994 et sur les rares personnes qui ont sauvé des vies, au péril de la leur, les « justes » du Rwanda.

Sélections et prix en festivals :
Cinéma du Réel, Paris, mars 2010.
Résistances, Foix, juillet 2010.
Etats Généraux du documentaire, Lussas, août 2010.
Echos d’ici, Echos d’ailleurs, La Bastide Rouairoux, octobre 2010.
Chroma Le Mans, novembre 2010 - Prix des longs.
Lumières d’Afrique, Besançon, novembre 2010 - Mention spéciale du jury Signis.
Festival du film d’éducation, Evreux, novembre 2010.
Songe d’une nuit dv, Paris, novembre 2010.
Corsica doc, Ajaccio, novembre 2010.
History Makers Award, USA, décembre 2010.
Quintessence, Benin, janvier 2011 - Mention spéciale.

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